Madame Sacco
D’une équivoque borroméenne
Un souvenir surréaliste de Jacques Lacan ?
De Madame Sacco, voyante, qui officiait 3, rue des Usines, je n’en dirais rien (1). Et de cette façon de triple fil, auquel Lacan s’est sans doute épinglé, lui-même, étant son propre appât (ce qui précise suffisamment, de l’Ics, le refoulé en travail), peu vous en dirais-je ou presque, mais il autorise aujourd’hui dans l’après-coup de l’avènement du nœud borroméen dans le champ freudien de se donner-à-voir, plus précisément de se laisser reconnaître sur une photo dont le blanc au temps déjà s’abandonne, sertie dans l’entre-deux textuel bruissant comme un rêve, de Nadja.
Il est agrafé au front d’une coiffe orientalisante, à certains suggérant des hébreux leurs prêtres revêtus, à d’autres moins nombreux, une allusion au Brahman -deux espèces de dieux sont dieux : les dieux (proprement dits) d’abord ; puis les brahmanes…Ces deux espèces de dieux, quand il leur donne des présents, mettent l’homme en état de bonheur (2).
Cependant, si la moindre flaque participe de l’océan, ce bijou au noeud borroméen n’appartient pas, puisqu’aucune de ses propriétés ne vient, à l’évidence, donner raison à l’oeil logicien ; et comme rien n’est assuré, que rien ne vient apaiser son trouble, le regard assujetti ne peut que divaguer sous le joug de cette contrainte, jusqu’à se laisser aller à le voir comme un borroméen entre-deux eaux.
Il est de l’équivoque.
Jean-François Chabaud
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(1) Mme Sacco, voyante qui ne s’est jamais trompée à mon sujet…A.Breton, Nadja, Paris, Gallimard,1928, p 104, note 1.
(2) G.Dumézil, Flamen-Brahman, Paris, Geuthner, 1935, p 64, note 1.